L’accueil est notre vocation !

Une méditation biblique et théologique du pasteur FIÉVET sur les migrants, l’exil et l’accueil

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Accueillir, parce que ça nous est donné

Nos choix éthiques et politiques ne sont pas la condition de notre identité chrétienne, ils en sont la conséquence, selon ces mots prêtés à Luther :

« ce n’est pas parce que nous faisons le bien que Dieu nous aime, mais c’est parce que Dieu nous aime qu’il peut nous arriver de faire du bien. » 

Il ne nous est pas commandé d’accueillir, il nous est donné d’accueillir. Ce n’est pas d’abord un devoir moral, c’est d’abord un don. Car ce qui nous est donné, c’est d’être nous-mêmes des accueillis. Ce qui nous est donné, c’est de dépendre nous-mêmes de la seule bonté de Dieu et des autres. Et de nous y abandonner. Remettre son identité ultime dans les mains de Dieu, c’est laisser parler en soi sa Parole qui nous donne l’audace de croire, d’espérer et d’aimer.

En chemin… là où Dieu parle

« En chemin », c’est u   ne des façons possibles de traduire les fameux « bienheureux » des béatitudes (Mt 5, 3-12). Nous sommes appelés à être en chemin, à migrer depuis la suffisance vers l’altérité. Depuis le contentement de soi vers le vide du coeur – la miséricorde.
Non seulement « en chemin », mais sur le « chemin de la justesse ». Être migrants sur le chemin de la justice que Dieu nous donne, telle est notre vocation. Toute la Bible est le récit d’une Parole en chemin, au fil de l’histoire.
D’exode en exil, nous sommes tous voyageurs au travers des siècles, au travers des monts et des plaines. Nul ne vit, s’il n’est en chemin entre peur et audace, méfiance et confiance, péché et foi. Et comme une source dans le désert, une parole nous précède et nous appelle: Dieu est là oùune parole nous (re)met sur le sentier de ce qui fait vivre. Cette parole devient alors sa Parole. Quand un père, une mère, un jeune risque sa vie à l’appel de la vie, c’est Dieu lui-même qui parle.

Quand l’étranger nous convertit

Un jour, Jésus a été bouleversé par la plainte d’une femme de Syrophénicie, cette contrée qu’on accusait d’avoir pratiqué des sacrifices d’enfants (Mt 15, 21-28). Or, cette païenne implorait pour son enfant : elle se contenterait de miettes, pourvu que vive sa fille, dût-elle
transgresser codes et frontières.
Et voilà que Jésus découvre que la foi déborde les limites historiques, ethniques, culturelles et religieuses. Et voilà que cette femme découvre un Dieu qui se laisse émietter. Et voilà que la foi surgit de cette découverte réciproque. Abolissant les frontières, Jésus perçoit l’extension de son ministère jusqu’aux confins de l’humanité. C’est d’une femme païenne que jaillit cette confiance mutuelle, qu’on appelle la foi.

Une même humanité au détour du chemin

S’il est un Royaume de Dieu, c’est bien ce banquet des épousailles entre ciel et terre, auquel sont invités, non plus seulement des amis triés sur le volet mais aussi toute une bande d’éclopés de l’existence. Toute une bande amassée au bord des chemins de traverse. Et quand bien même parmi eux quelques-uns n’auraient pas l’habit requis, la salle demeure ouverte à tous, pour ces noces du Fils de l’homme. (Lc 14, 15-24)
Les migrants, dans un ultime sursaut choisissent la vie. Pour les leurs et pour eux. Qui les en blâmerait ? Ils viennent, avec pour seul bagage, leur courage et cette confiance qui pousse à demain malgré le déluge de mort qui engloutit leurs villes et villages. Ils incarnent ce que Dieu promet pour l’humanité : l’élan vers la vie, l’espérance au creux
du désespoir, la résurrection malgré la mort.

« Dans le monde, vous connaissez la détresse, mais courage !
Moi, j’ai vaincu le monde. » (Jn 16, 33)

Si nous croyons…
Si nous croyons que Jésus-Christ a sauvé le monde,
qu’avons-nous à redouter ?
Si nous croyons, nous n’avons qu’un combat :
le Sien, contre la méfiance qui défigure l’humain.

Didier FIÉVET, pasteur

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